Depuis plusieurs années, les citoyens maghrébins font face à une montée des obstacles dans leur quête d’un visa pour la France. Ce qui relevait autrefois d’une démarche administrative relativement prévisible devient désormais un véritable casse-tête. Entre les sites saturés, les délais qui s’étirent et les critères de plus en plus rigides, les demandeurs ont le sentiment d’être pris dans une mécanique décourageante. Ce durcissement touche particulièrement les nouveaux requérants, pour qui l’accès aux premières étapes du processus est devenu un défi quotidien. L’introduction récente d’un nouveau système de gestion en Algérie a mis le feu aux poudres.
Capago: un portail numérique qui accumule les ratés
Mis en place pour centraliser les demandes de visa vers la France, « Capago » censé faciliter les démarches en ligne suscite une avalanche de plaintes. De nombreux usagers affirment ne pas pouvoir accéder aux heures de réservation. Certains tombent sur des messages d’erreur, d’autres se voient refuser l’accès sous prétexte qu’une demande serait déjà en cours — alors qu’ils n’ont jamais finalisé leur dossier. Ce dysfonctionnement récurrent empêche toute avancée, laissant les candidats piégés dans un processus bloqué dès le départ.
Officiellement, toute demande non validée par un rendez-vous devrait être annulée au bout de trente jours. En réalité, ce mécanisme est rarement respecté, prolongeant indéfiniment la paralysie. Les usagers restent dans l’attente, sans possibilité de relancer la procédure ni de comprendre les raisons du blocage. Ce flou crée un climat d’incertitude et de frustration, renforcé par l’absence de réponses claires ou de recours directs.
Une gestion numérique déconnectée des réalités
La principale critique formulée par les demandeurs vise le manque de réactivité et de clarté dans la gestion du système. Les canaux de communication sont presque inexistants, et les messages automatiques remplacent tout contact humain.
Pour beaucoup, cette approche impersonnelle donne l’impression d’être ignoré, voire écarté du processus. Des témoignages évoquent un sentiment de rejet, voire d’humiliation, face à une procédure perçue comme arbitraire.
Un système à bout de souffle
L’accumulation de ces difficultés soulève une question de fond : peut-on continuer à externaliser la gestion de documents aussi sensibles sans en assurer un contrôle rigoureux ? Les outils numériques mis en place doivent pouvoir fonctionner de manière fiable, sous peine de générer davantage d’exclusion que de simplification. Les ratés observés ces dernières semaines rappellent que la technologie ne peut à elle seule résoudre des problèmes d’accès, de transparence et d’équité.
Tant que les erreurs techniques ne seront pas corrigées et que les demandeurs resteront dans le flou, la défiance ne fera que grandir. L’enjeu dépasse la simple délivrance d’un visa : il s’agit de restaurer un minimum de confiance dans un dispositif devenu, pour beaucoup, synonyme d’arbitraire et de découragement.
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