Dans bien des pays du Maghreb, le tourisme constitue une source essentielle de devises, d’emplois et de développement local. Mais cette industrie ne peut prospérer sans un réseau hôtelier solide, capable de répondre aux attentes des visiteurs en quête de confort, de sécurité et d’expérience authentique. Les hôtels ne sont pas de simples bâtiments : ce sont les piliers logistiques de toute ambition touristique. Lorsqu’ils ferment ou déclinent, c’est tout un pan de l’économie qui chancelle. C’est précisément ce à quoi la Tunisie est confrontée, avec une hôtellerie en perte de vitesse qui menace la reprise du secteur.
Des hôtels fermés ou à l’abandon
Les grandes zones touristiques tunisiennes comme Hammamet, Djerba, Monastir ou Tozeur, autrefois animées par des établissements hôteliers florissants, sont aujourd’hui marquées par la fermeture de nombreux hôtels. Sur l’ensemble des 230 000 lits recensés à l’échelle nationale, près de 60 000 ne sont plus disponibles. Cela représente environ un quart de la capacité d’hébergement du pays, un chiffre alarmant pour un secteur aussi stratégique.
Si une partie de ces fermetures est temporaire – environ 20 000 lits mis en veille hors saison – la majorité pose un problème structurel. Près de 40 000 lits sont hors d’usage à cause d’hôtels vieillissants, mal entretenus, ou devenus inadaptés aux attentes des clientèles modernes. Certains établissements n’ont tout simplement plus les moyens d’assurer leur fonctionnement, plombés par les charges et l’absence de rentabilité. D’autres ont été totalement désertés.
Un secteur hôtelier en quête de relance
Devant cette situation critique, l’État tunisien cherche à agir. Le directeur général de l’Office national du tourisme a évoqué des mesures en préparation, élaborées avec les professionnels de l’hôtellerie, pour redynamiser le secteur. Il ne s’agit plus seulement de sauver des hôtels en difficulté, mais de reconstruire une offre cohérente et compétitive.
Les pistes avancées incluent des avantages fiscaux pour relancer l’investissement, des programmes de rénovation pour moderniser les hôtels vétustes, ainsi qu’un appui ciblé aux établissements les plus fragilisés. Les zones les plus affectées, comme Djerba, Hammamet ou Tunis, devraient bénéficier d’une attention prioritaire afin de restaurer rapidement l’offre hôtelière.
Une image touristique en péril
La question ne se limite pas au nombre de lits disponibles : c’est l’image globale de la Tunisie en tant que destination touristique qui est en jeu. Un hôtel fermé ou délabré nuit à l’expérience des visiteurs, et chaque insatisfaction alimente les critiques sur les plateformes d’avis et réseaux sociaux. Or, dans un marché mondialisé et ultra-concurrentiel, la réputation est un levier clé d’attractivité.
Pour maintenir son rang et préserver sa vocation touristique, la Tunisie doit absolument rétablir un parc hôtelier fonctionnel, moderne et bien réparti. L’inaction risquerait d’accentuer la fuite des touristes vers d’autres pays du pourtour méditerranéen, mieux préparés et plus réactifs.
Un redressement en profondeur nécessaire
Réanimer le secteur hôtelier tunisien exige plus qu’un simple coup de peinture. Il faut repenser l’hôtellerie en misant sur la qualité, la durabilité et l’innovation. L’État comme les professionnels doivent agir ensemble pour offrir une expérience à la hauteur des standards internationaux. Car au-delà des murs, ce sont les attentes des voyageurs et la crédibilité de toute la destination qui sont en jeu.
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